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Editions l'Art d'en Face Malbaux

 

                                                 Extraits :

 

 

           Â« Je n’ai quitté personne pour lui, je ne l’ai ni cherché ni espéré, je l’ai rencontré et c’est tout. C’était en Italie et je n’y étais pourtant pas à ce moment- là. Il m’a vue et m’a voulue. C’est de me vouloir qui a tout déterminé. En amour, il en faut un qui commence. Même seul. Â»

 

           Â« Il faisait divinement les pâtes. Divinement était notre mot, et nous faisions tout ainsi. Je mets des adverbes partout comme d’autres mettent des points et des virgules. Ou rien. Plutôt rien d’ailleurs. Qui ne disent rien de ce qu’ils vivent. Alors, on ne sait pas. On en est réduit à une sorte de chanson de geste. A des suppositions. Il faut supposer, il faut deviner. Et on suppose mal, et on devine faux. Le mystère s’épaissit. On ne sait pas ce qu’ils veulent. On ne sait pas ce qu’ils attendent. Ces gens silencieux dans un monde où le silence reste le maître explosent quelquefois. Mais ce n’est pas pour dire des choses d’amour. Â»

 

          « Il était venu me chercher devant chez lui, et m’avait jeté dans sa voiture. Comme un sac de patates. Nous n’avions pas dit un mot de tout le trajet. Mais je n’avais pas fini. Je ne pouvais pas renoncer. Je hais les hommes et leur sentiment d’impossibilité. Quand ils disent que c’est définitif. Quand ils disent que c’est fini alors qu’ils le disent toujours trop tôt. Ils sont faibles, c’est des faiblards, voilà la vérité. Des mauviettes, des moins que rien. A la moindre bourrasque ils se laissent tomber. Ne résistent pas. Il faut que la vie leur soit donnée, l’offrande gratuite, mais tu l’as vu jouer où toi cette pièce ? Â»

 

          « Le cadre du petit tableau s’est brisé. Le verre qui protégeait le dessin aussi. Mon chat regardait le tableau intensément, comme s’il s’agissait de quelque chose de vivant, et quand je suis revenue de faire les courses, il était par terre. Je l’ai ramassé en faisant semblant de faire autre chose. J’ai utilisé la même technique d’évitement que j’utilise pour tenir à distance les miroirs qu’on me tend. J’y suis allée en biais, en sournoise, je sais faire aussi quand c’est nécessaire et j’ai ramassé les débris le plus silencieusement possible, le plus naturellement du monde. Le temps est entré dans sa suspension finale. J’ai tout posé sur la table et je suis repartie. Â»

 

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