Françoise Escolier Achard danse avec les mots
Françoise est une multirécidiviste de l'obscur léger.
Une barque quelquefois surgit tranquille, inquiétante, un peu, sur une rivière qui semble souterraine, dont le contenu n'est point divulgué. A la fin du poème, une sorte d'angoisse doucereuse, un monde envoûtant, inexpliqué.
Pas d'explication, ni feuille de route pour le lecteur. Une conivence étrange à ceux qui se laissent emporter et de longs frissons dans un univers captivant.
Ses nouvelles ne sont pas "attendues" ... Elle livre des personages en ombre inaccessible et pourtant si proches de nos rêves !
A lire sans raison, voluptueusement . Savourer l'incertain irrésistible, au bord de ce monde où la mort rôde en diablotine facésieuse...
Le forgeron
Voici trois poèmes de Françoise, à déguster sans modération :
Je sors de la mort en boîtant
Tant de mots-momies
de paroles décomposées
j'éteint l'ampoule névrotique
Un éclair blanc en porte-voix
Je cours vers la foudre
du lac
je plonge dans la
bonté de l'eau
elle éclabousse ma mort
Nous n'aurons que des mots
Des mots aux yeux ouverts
Afin de suivre l'envol du boiteux
Puiser aux friches de l'âme
le manuscrit d'or blanc
Pour couronner le fils de la servante
Nous n'aurons que des mots pour créer
Mais nous avons le chant de la colombe
Pour porter l'aigle
j'éteins les regards crépitant
des feux orange
Les vieux cartons sont derrière moi
posés sur l'ombre
Je libère l'arme fantôme des verrous oubliés
Avec un petit feu de tison d'âme
Je m'éclaire jusqu'au lac intérieur
La barque danse sa liberté
Sur l'envers lumineux de l'eau